« En écrivant, reste toujours dans l’image. Si tu t’en laisses écarter par les mots, il est naturel qu’ils se défassent dans ta bouche comme des champignons flétris (à moins que tu ne sois un moderne fabricant de textes, roublard, pédant, qui tend des pièges aux mots, fait des montages, rafistole, opère des permutations et tripote un second « Ulysse » ou un second « Homme sans qualités » encore plus monstrueux); aussitôt que tu vois le danger (il est là à chaque phrase), retourne à l’image, au-dedans de l’image, et écris dans l’image; « Sortons de la langue ! » C’est ainsi seulement que la littérature peut recommencer.
Peter Handke, Histoire du crayon, traduction de Georges-Arthur Goldschmidt.