Une dizaine de personnes à l’intérieur de la salle d’attente, les autres attendent dehors sur le trottoir.
« Madame Mohammed Ali ? » Une dame corpulente se lève.
Un homme : masque sous le nez, déambule entre le secrétariat derrière une vitre et la rue ventée – semble en pourparlers, légèrement nerveux.
Le même homme plus tard, assis jambes croisées : mocassins, chaussettes de soie montantes blanches un peu flasques faisant des plis.
Dans la rue : un petit groupe d’hommes s’est formé naturellement, joviaux pour la plupart – retrouvent avec plaisir l’ambiance de cour de récréation.
La secrétaire : circule entre le bureau et la rue où elle appelle les heureux élus auxquels elle attribue d’un geste du bras une place assise à l’intérieur.
Une femme de temps en temps : monte l’escalier vers le « centre femme » – « C’est fermé madame » – redescend les marches.
Des ouvriers : le second pousse un chariot, le premier ouvre et tient la porte battante au fond de la salle d’attente.
D’autres ouvriers : « Ce n’est pas ici, c’est à côté » (la secrétaire)
Un homme : s’assoit sur un siège à l’entrée, sans permission. « J’ai 70 ans, je viens de faire un kilomètre. » La secrétaire râle et retourne se réfugier derrière sa vitre – un peu comme certains poissons vont se cacher derrière un rocher artificiel au fond de leur aquarium.
L’homme aux chaussettes de soie blanches montantes descendantes à plis refait une apparition – nouvelle tentative auprès de la secrétaire qui semble porter ses fruits.
Deux petites vieilles dos voûté : claudiquent l’une derrière l’autre parfaitement synchrones.
Celles et ceux qui sont assis dans la salle d’attente : paraissent sereins, sans humeur – simples spectateurs habitant une bulle impénétrable. (10/07/2020)