Nuit dans un hôtel à L’Ermitage. Le soleil : apparaît au-dessus de la colline, éclairant les filaos et les palmiers.
Au restaurant hier soir : les trois chats qui restaient à côté de la table où j’étais assis alors que toutes les autres tables de la salle étaient également occupées – l’un d’eux (longs poils blancs et beiges, très beau ou belle) : s’était couché(e) à mes pieds et semblait monter la garde.
Est-ce qu’on commence seulement à être vraiment présent au monde quand on ne trouve pas (et donc cherche) les mots pour nommer les choses les plus simples ?
La tourterelle : se pose sur la rambarde du balcon – une plume blanche dressée à l’arrière du crâne – plonge plusieurs fois son bec sous ses ailes qu’elle frotte avec vigueur tout en jetant de brefs coups d’oeil vers moi.
Dans le bâtiment d’en face : un homme sort seul sur le balcon de sa chambre et me voit moi qui suis sorti seul sur le balcon de ma chambre (tous les deux ayant veillé à ne pas faire de bruit et à tirer le rideau pour ne pas réveiller une autre personne dormant à l’intérieur). Un troisième homme : sort sur son balcon dans le bâtiment d’en face, un étage en dessous.
Un homme seul qui écrit sur le balcon d’un hôtel à sept heures du matin : est-ce suspect ?
Pas un paysage, même pas un environnement – une suite de phénomènes, de transformations (intérieur/extérieur).
Incompréhensible : les gens en vacances qui se lèvent tôt ! (et donc ils parlent – car ils ne sont seuls que quelques instants).
Sur cette même terrasse justement : un attroupement de six personnes (trois hommes, trois femmes) s’est formé. Ils organisent ensemble le petit-déjeuner qui sera rapide (pas plus d’un quart d’heure).
Un homme encore jeune sur un autre balcon : pose quelques miettes pour les oiseaux sur la rambarde – premier homme altruiste de la journée (et dernier ?).
Scribe des événements infimes.
Lectures : Handke, Geschichte des Bleistifts (Histoire du crayon); Tchekhov, Correspondance.